Ătre gĂ©rant non salariĂ© est-il intĂ©ressant ou trop risquĂ© ?
Retrouvez les clés pour bien choisir votre systÚme de protection et optimiser votre rémunération pour un gérant non salarié. Mais avant comparons les statuts pour bien comprendre.
Les clés pour choisir le bon statut social quand on est dirigeant (vidéo)
Le cas de figure du gérant non-salarié
On est automatiquement gĂ©rant non salariĂ©, quand on est dirigeant et actionnaire majoritaire d’une SARL. Ce statut prĂ©sente des avantages (cotisations sociales moindres qu’en tant que salariĂ©). Il prĂ©sente aussi des risques si on n’est pas suffisamment informĂ© des caractĂ©ristiques de ce statut.
Je vais vous rĂ©sumer ici l’essentiel de ce qu’il faut Ă tout prix savoir :
- quant aux risques personnels encourus,
- mais aussi quant à la façon de se rémunérer et de faire payer ses charges à la société,
- et mĂȘme  ce qu’il faut savoir quand vous ne vous rĂ©munĂ©rez pas encore (on parlera plus tard de l’optimisation fiscale)
Existe-t-il des solutions pour protĂ©ger le gĂ©rant non salariĂ© ? Â
La responsabilité personnelle du dirigeant gérant non salarié
Selon le code du commerce les dirigeants sont responsables envers les sociĂ©tĂ©s ou les tiers. La jurisprudence ne fait quâĂ©largir actuellement la responsabilitĂ© des mandataires sociaux. N’importe qui peut intenter une action en responsabilitĂ© contre les dirigeants suite Ă un prĂ©judice quâelle aurait subi (fournisseurs, crĂ©anciers, concurrents, clients, employĂ©s, actionnaires âŠ).
La forme juridique de lâentreprise ne constitue pas forcĂ©ment un gage de sĂ©curitĂ© et ne peut se substituer Ă la responsabilitĂ© des dirigeants. Un dirigeant peut ĂȘtre mis en cause pour :
- Dépassement de la durée de travail
- Défaut de consultation des organes de gestion ou représentatifs
- Non-respect des mesures dâhygiĂšne de sĂ©curitĂ© et de prudence
- faute de gestion
- violation de statuts
- infractions aux dispositions légales et réglementaires.
Deux fausses solutions
La Responsabilité Civile Professionnelle et/ou la Responsabilité Civile Personnelle et Familiale peuvent-elles couvrir la responsabilité personnelle du dirigeant gérant non salarié ?
Non. Ni la RC Professionnelle, ni la RC Personnelle et Familiale  ne couvrent la responsabilitĂ© personnelle du dirigeant.  Votre patrimoine personnel et familial peut ĂȘtre directement mis en danger en cas de litige si votre responsabilitĂ© personnelle de dirigeant est reconnue.
Lâassurance responsabilitĂ© civile des mandataires sociaux (RCMS)
Elle permet de couvrir les fautes de gestion, les violations de statuts et le non-respect des dispositions lĂ©gales et rĂ©glementaires. Lâensemble des dirigeants peut y adhĂ©rer (dirigeants, mandataires sociaux, collaborateurs, fondateurs, conjoints, conjoints collaborateurs …). Le montant de la prime dĂ©pend gĂ©nĂ©ralement du Chiffre dâAffaire de lâentreprise et du montant garanti. A titre dâexemple, il faut gĂ©nĂ©ralement prĂ©voir une prime annuelle de 500⏠ pour un CA de 300K⏠et un montant garanti jusquâĂ 100KâŹ. Les principaux assureurs mettent en place Ă©galement des plateformes dâassistance pour rĂ©pondre Ă lâensemble des questions juridiques auxquelles lâentreprise et le dirigeant peuvent ĂȘtre confrontĂ©s.
Pour résumer :
La ResponsabilitĂ© Civile des Mandations Sociaux permet de protĂ©ger le dirigeant, son patrimoine privĂ© et indirectement son entreprise. Elle est prise en charge par lâentreprise pour lâensemble des dirigeants et collaborateurs de lâentreprise. Elle est donc dĂ©ductible fiscalement. Le montant de la cotisation dĂ©pend gĂ©nĂ©ralement du CA de lâentreprise et du montant couvert. Elle complĂšte idĂ©alement la responsabilitĂ© civile dâexploitation de lâentreprise et la responsabilitĂ© personnelle et familiale.
Ce que vous devez savoir sur la rémunération du gérant non salarié
Les gĂ©rants de SARL (ou EURL) sont assujettis soit au rĂ©gime social des indĂ©pendants (ex RSI) s’ils sont majoritaires (ils dĂ©tiennent plus de 50 % des parts), soit au rĂ©gime des salariĂ©s s’ils sont minoritaires.
Lorsque le gĂ©rant dĂ©pend du RSI, c’est gĂ©nĂ©ralement la sociĂ©tĂ© qui paie les cotisations.
Mais cela n’est pas automatique. Car il s’agit de charges sociales personnelles. Les gĂ©rants reçoivent d’ailleurs souvent leurs bordereaux d’appel de cotisations Ă leur domicile.
Pour que la sociĂ©tĂ© les prenne en charge, il convient que l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale annuelle des associĂ©s le prĂ©voit.
A défaut ces cotisations restent à la charge du gérant.
Toutefois la Cour d’Appel de Paris vient de juger que, mĂȘme en l’absence d’approbation par l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale annuelle, dans la mesure oĂč la sociĂ©tĂ© assurait depuis plusieurs annĂ©es le versement des cotisations et que celles-ci figuraient dans ses comptes, elles devenaient une charge de la sociĂ©tĂ©.
Que se passe-t-il en cas de cessation ou faillite de la société ?
En cas de dĂ©faillance de la sociĂ©tĂ© (dĂ©pĂŽt de bilan…), le gĂ©rant reste personnellement responsable de ses charges de RSI.
Par ailleurs, vis à vis de la taxation à la CSG, ces cotisations versées par la société pour son dirigeant sont assimilées à un salaire !
La société peut-elle réclamer le remboursement des cotisations déjà payées ?
Une SARL ne peut pas rĂ©clamer au gĂ©rant le remboursement des cotisations personnelles au rĂ©gime social qu’elle a payĂ©es, si elle a toujours acceptĂ© de les prendre en charge, peu important que le paiement n’ait pas Ă©tĂ© approuvĂ© par les associĂ©s.
Les cotisations personnelles au rĂ©gime social des indĂ©pendants (RSI) des deux gĂ©rants associĂ©s majoritaires d’une SARL avaient Ă©tĂ© payĂ©es par la sociĂ©tĂ©. AprĂšs la dĂ©mission de l’un des gĂ©rants, la sociĂ©tĂ© lui avait demandĂ© le remboursement des cotisations payĂ©es pour son compte en faisant valoir que la prise en charge de ses cotisations personnelles n’avait pas fait l’objet d’une dĂ©cision collective des associĂ©s.
Argument rejetĂ© par la cour d’appel de Paris qui a dĂ©duit la commune intention des parties de faire prendre en charge les cotisations RSI par la sociĂ©tĂ©, d’une part, du fait que ces cotisations figuraient dans les comptes de la sociĂ©tĂ© qui avaient Ă©tĂ© approuvĂ©s par les associĂ©s sans aucune observation et, d’autre part, du courrier adressĂ© par la SARL au RSI dans lequel elle indiquait que les cotisations n’Ă©taient plus dues pour le gĂ©rant dĂ©missionnaire laissant ainsi entendre qu’il en Ă©tait autrement lorsqu’il Ă©tait gĂ©rant. Par ailleurs, aprĂšs le dĂ©part du cogĂ©rant, les charges sociales de la gĂ©rance figuraient parmi les charges d’exploitation de la sociĂ©tĂ©, ce qui confortait la pratique antĂ©rieure.
Quand le gérant non salarié laisse sa rémunération en trésorerie à la société
Selon une dĂ©cision de la Cour de Cassation du 31 janvier 2012 (n° 10-26.329 (n° 122 F-D), Nari c/ StĂ© Albazur), le dĂ©faut d’exĂ©cution constant par le gĂ©rant de la clause statutaire lui attribuant une rĂ©munĂ©ration emporte renonciation implicite de sa part Ă en bĂ©nĂ©ficier.
Les statuts d’une sociĂ©tĂ© civile (mais la solution serait identique pour une SARL, une sociĂ©tĂ© par actions simplifiĂ©e, une sociĂ©tĂ© en nom collectif ou une sociĂ©tĂ© en commandite) prĂ©voyaient d’attribuer chaque annĂ©e aux gĂ©rants associĂ©s une partie des bĂ©nĂ©fices de la sociĂ©tĂ© Ă titre de rĂ©munĂ©ration.
AprĂšs leur rĂ©vocation, les gĂ©rants, qui ne s’Ă©taient jamais attribuĂ©s cette rĂ©munĂ©ration pendant la durĂ©e de leur mandat (30 ans), avaient demandĂ© qu’elle leur soit versĂ©e en totalitĂ©.
Cette demande a Ă©tĂ© rejetĂ©e : pendant 30 ans, les gĂ©rants avaient prĂ©sentĂ© Ă chaque assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale annuelle successive et approuvĂ© eux-mĂȘmes des bilans ne comportant pas d’attribution de bĂ©nĂ©fices Ă leur profit ; il se dĂ©duit de l’approbation constante et rĂ©pĂ©tĂ©e de ces bilans que les gĂ©rants avaient, de façon implicite mais non Ă©quivoque, renoncĂ© au bĂ©nĂ©fice de leur rĂ©munĂ©ration statutaire.
A noter :
La renonciation Ă un droit peut ĂȘtre tacite dĂšs lors qu’elle rĂ©sulte d’actes manifestant sans Ă©quivoque la volontĂ© de renoncer. C’est le cas d’un gĂ©rant d’une sociĂ©tĂ© qui n’a jamais demandĂ© que soit appliquĂ©e la clause statutaire prĂ©voyant sa rĂ©tribution et qui, tout au contraire, n’a jamais cessĂ© de reconnaĂźtre que la sociĂ©tĂ© Ă©tait dirigĂ©e par un gĂ©rant de fait. (Cass. com. 26-2-1974 : Bull. civ. IV n° 71).
On considĂšre que ce n’est pas le cas du prĂ©sident d’une sociĂ©tĂ© par actions simplifiĂ©e rĂ©voquĂ© aprĂšs deux exercices qui, Ă la fin du premier exercice, incomplet (deux mois environ), n’a pas demandĂ© aux associĂ©s de dĂ©terminer le montant de la rĂ©munĂ©ration statutaire prĂ©vue en sa faveur ; il importait peu Ă cet Ă©gard qu’une pratique consistant Ă ne pas rĂ©munĂ©rer les dirigeants ait existĂ© au sein du groupe dont faisait partie la sociĂ©tĂ© (CA Versailles 22-10-2009 n° 08-2252 : BRDA 3/10 inf. 1).
Ok tout ceci n’est pas facile Ă accepter ! Tout n’est pas rose quand on entreprend đ
Voici une infographie sur la protection sociale des TNS rĂ©alisĂ©e par lâOCDE (2018)  :
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Sources Ă propos du statut social :
- Dossier et documents de https://www.legifrance.gouv.fr/
- CA Paris 17 octobre 2013 n° 12/11719, ch. 5-9, Pastor Ús qual. c/ Glachant
- Cour de Cassation du 31 janvier 2012 (n° 10-26.329 (n° 122 F-D), Nari c/ Sté Albazur
- Cass. com. 26-2-1974 : Bull. civ. IV n° 71
- CA Versailles 22-10-2009 n° 08-2252 : BRDA 3/10 inf. 1
- Veille et lecture d’Antonella VILAND, coach pour entrepreneur et fondatrice du programme de formation pour les entrepreneurs MBA Entrepreneur
- La crĂ©ation d’entreprise de A Ă Z / 100 mots et sigles indispensables ; ValĂ©rie Froger